Page:Crémazie - Œuvres complètes, 1882.djvu/196

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Malgré les fureurs de la haine,
Malgré les peuples ameutés,
Toujours ta majesté sereine
Domine les flots irrités.

Bien souvent les rois en délire,
Frappant la main qui les bénit,
Ont voulu briser ton empire,
Plus solide que le granit.
Ils s’écriaient dans leur démence :
— Renversons ce faible vieillard,
Qui n’a, contre notre puissance,
Que sa faiblesse pour rempart !

Mais, rendus au pied de ce trône,
Qui brille d’un éclat divin,
Quand ils eurent sur ta couronne
Porté leur sacrilège main,
Ces fiers souverains de la terre,
Éperdus, s’arrêtèrent là ;
Derrière la chaire de Pierre
Ils venaient de voir Jéhova.

Et, quand le vieux monde en ruines
Sombrait dans les gouffres ouverts,
Debout sur les saintes collines,
Ta voix bénissait l’univers.
Et, dans cette nuit sans aurore
Que feront les soleils mourants,
Seule tu resteras encore
Pour fermer les portes du Temps.


Québec, 27 décembre 1860.