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Tu prends la foudre au ciel et la tiens dans ta main ;
Prompte comme l’éclair, la vapeur condensée
Emporte dans ses bras une foule pressée,
Et détruit pour jamais les longueurs du chemin.

La matière, ton dieu, t’a donné sa puissance,
Les trésors de son sein et toute sa science ;
Les éléments vaincus s’inclinent devant toi ;
Tes marins ont sondé la mer et ses abîmes ;
Sous tes pieds dévorants les monts n’ont plus de cimes
Et, glorieux, tu dis : L’avenir est à moi !

Eh bien, dans l’avenir, ce qui fera ta gloire
Ce n’est pas ce progrès que l’on a peine à croire,
Ni tes chemins de fer, ni leurs réseaux de feu ;
Ce sera la légende, immortelle et bénie,
De ces cœurs pleins de foi qui donnèrent leur vie
Pour le droit et pour Dieu.

Dans vos asiles solitaires,
Vous qui priez, vous qui pleurez,
Offrant l’encens de vos prières,
À l’ombre des parvis sacrés,
Consolez-vous, bientôt le monde
Qui vient d’enfanter ces héros
Reverra, dans sa nuit profonde,
Resplendir les divins flambeaux.

Foyer de force et de science,
Ô vieille et sainte papauté,
Qui brilles comme un phare immense
De gloire et d’immortalité !