Page:Crémazie - Œuvres complètes, 1882.djvu/188

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Et les archanges, sur leurs ailes
Prenant l’Éden silencieux,
Au haut des sphères éternelles,
Le déposèrent dans les cieux.

Mais, en s’élançant dans l’espace,
Ils laissèrent sur leur chemin
Tomber, pour indiquer leur trace,
Quelques fleurs du jardin divin.

Et ces fleurs aux couleurs mobiles,
Tombant dans le fleuve géant,
Firent éclore les Mille-Îles,
Ce paradis du Saint-Laurent…

Au retour de mon long voyage,
Saluant le ciel canadien,
Je viendrais là, dans le feuillage,
Bâtir mon nid aérien.

La douce voix de la patrie,
Chantant au milieu des sapins,
Bercerait mon âme attendrie
Au bruit de ses accords divins.

J’écouterais, quand du rivage
Mille voix s’élèvent en chœur,
Ce que la fleur dit au nuage,
Ce que le flot dit à la fleur,