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J’irais mesurer la grande ombre
Que fait le vieux québecquoise de granit,
Et compter les îles sans nombre
Où l’ibis blanc pose son nid.

Oui, j’irais, sur ces vieilles rives
De Pharaon, de Sésostris,
Suivre les ondes fugitives
Qui portaient la conque d’Isis.

Mais quand, dans les flots de lumière,
Viendrait le printemps embaumé
Étendre, en chantant, sur la terre
Son manteau vert et parfumé,

Avec les chansons printanières,
Avec le soleil matinal,
Avec les fraîches primevères
Je reviendrais au ciel natal.



Quand Ève à l’arbre de la vie
De sa main eut cueilli la mort,
Sur la terre à jamais flétrie
On vit paraître le remord.

Puis Adam s’en fut sur la terre,
Qui déjà pleurait avec lui,
S’abreuver à la source amère
Où nous allons boire aujourd’hui.