Page:Crémazie - Œuvres complètes, 1882.djvu/186

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Et, dans mes courses vagabondes,
Saluant les enfants d’Allah,
J’irais me mirer dans les ondes
Où se baigne Setiniah.

J’irais, à l’ombre des platanes
Qui bordent la fraîche oasis,
Voir passer les fières sultanes
Aux yeux noirs comme les houris.

Puis j’irais voir, quand la nuit sombre
Descend au ciel des Osmanlis,
Le doux vallon perdu dans l’ombre
Où dansent les blanches péris.

Sur les bords enchantés du Gange,
D’Allahabad jusqu’à Delhi,
J’irais voir tout ce monde étrange
Où soupire le bengali.

J’irais dans la jungle mouvante,
À l’heure où vers le Kailaça
Monte la fumée odorante
Des parfums offerts à Siva.

J’irais dans Bénarès la Sainte
Quand vient le pèlerin hindou
Franchir la redoutable enceinte
Du temple sacré de Vichnou.