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LES MILLE-ÎLES

 
Si j’étais la douce hirondelle
Qui vole en chantant dans les airs,
Quand viendrait engourdir mon aile
Le vent glacé de nos hivers ;

Fuyant ces plages refroidies
Où la neige tombe à flocons,
Sur des rives plus attiédies
J’irais redire mes chansons.

J’irais, au pays des Espagnes,
Là-bas où fleurit l’amandier,
Cueillir dans les vertes campagnes
La fleur rouge du grenadier.

J’irais, me posant sur le dôme,
Le dôme d’or de l’Alcazar,
Voir la perle du beau royaume
Où régnait le calife Omar.

Cordoue et la vieille Castille,
Léon et ses portes d’airain,
Et Séville, dont la tour brille
Comme un rubis dans un écrin ;