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Ton drapeau, sur le fleuve Jaune,
En vengeant tes droits méconnus,
Verra bientôt trembler le trône
Du sectateur de Mencius.

Ainsi, toujours puissante et fière,
Tu t’avances comme un géant,
Et tous les grands cœurs de la terre
Bénissent ton nom bienfaisant.
Tu vas, sans craindre les années,
Rayonnante comme un saphir,
Vers les sublimes destinées
Que Dieu garde à ton avenir.



Dans ce siècle d’argent, où l’impure matière
Domine en souveraine, où l’homme, sur la terre,
À tout ce qui fut grand semble avoir dit adieu ;
Où d’un temps héroïque on méprise l’histoire,
Où, toujours prosternés devant une bouilloire,
Les peuples vont criant : La Machine, c’est Dieu !

Dans ce siècle d’argent, où même le génie
Vend aussi pour de l’or sa puissance et sa vie,
N’est-ce pas qu’il est bon d’entendre dans les airs
Retentir, comme un chant d’une immense épopée,
Les accents du clairon et ces grands coups d’épée
Qui brillent à nos yeux ainsi que des éclairs ?

Guerriers des temps anciens, paladins magnifiques,
Héros éblouissants des poèmes épiques