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III

C’est encor par un soir d’automne ;
La lune pâle qui rayonne
Aux champs déserts
Dessine, comme une arabesque,
La silhouette gigantesque
Des sapins verts.

La rive est triste et solitaire :
Les flots apportent à la terre
Des bruits confus ;
Sortant de la forêt immense,
Le vent du soir glisse en silence
Sur les talus.

Une forme blanche, indécise,
Pareille aux vapeurs que la brise
Chasse en passant,
Paraît sur un rocher sauvage
Qui s’élève sur le rivage
Comme un géant.

Ainsi que les brunes almées,
Elle a paré de fleurs aimées
Son front charmant ;
Elle jette un regard avide
Et semble chercher dans le vide
Un être absent.

Bientôt la pâle fiancée,
Dont la poitrine est oppressée