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poésies.


Écoutez ! un grand bruit se fait sur le rivage ;
Les vieux chênes joyeux inclinent leur feuillage
Pour fêter le retour des maîtres d’autrefois,
Dont le fier étendard dans les airs se déploie.
Le rossignol pour eux chante un hymne de joie,
Et les salue au fond des bois.

Aux champs de Sainte-Foy reparaissant encore,
La France voit flotter son drapeau tricolore
Où, vainqueurs, sont tombés ses derniers défenseurs.
De ce fait immortel consacrant la mémoire,
Deux grands peuples rivaux, fils aînés de la gloire,
Mêlent en ce jour leurs couleurs.

Et pendant que la foule immense, rayonnante,
À la voix du canon mêle sa voix bruyante,
Un huzza solennel s’élève d’un tombeau.
Réveillé par l’écho de la salve guerrière,
C’est le soldat français qui, du fond de sa bière,
Salue aussi son vieux drapeau.



ENVOI.


Madame, ce soldat à l’existence austère,
Ce débris des grands jours, c’était votre vieux père.
D’une époque héroïque il conserva le feu,
Et, divisant sa vie en deux parts magnifiques,
Il sut toujours donner, homme des temps antiques,
L’une à l’honneur et l’autre à Dieu.