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poésies.

LE RETOUR DE « L’ABEILLE. »[1]


 
Me reconnaissez-vous ? Aux rivages lointains,
Pauvre abeille, j’osai chercher d’autres destins,
Et je voulus aussi connaître et voir le monde.
Inconstante, trouvant, en touchant chaque fleur,
Rarement le plaisir, bien souvent la douleur,
J’ai promené longtemps ma course vagabonde.

Sous les cieux étrangers mon bonheur s’envola,
Car, malgré leurs beautés, mon cœur n’était pas là.
Voyez, d’un blanc manteau mes ailes sont couvertes.
Ah ! pour vous voir encor j’ai bravé les frimats,
Heureuse de quitter ces radieux climats
Au ciel toujours serein, aux feuilles toujours vertes.

Comme l’enfant prodigue implorant mon pardon,
Honteuse, je reviens. Ah ! votre cœur est bon
Et vos bras recevront la pauvre fugitive.
Sous ce toit vous avez guidé mes premiers pas ;
Oui, je suis votre enfant, et vous ne pouvez pas
Plus longtemps repousser ma voix faible et plaintive.

  1. Cette pièce de vers a été composée lors de la réapparition de l’Abeille, charmante petite feuille rédigée par les élèves du séminaire de Québec.