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poésies.


À nos ambitions, à nos plaisirs futiles,
Ô cadavres poudreux, vous êtes inutiles !
Nous vous donnons l’oubli.
Que nous importe à nous ce monde de souffrance
Qui gémit au-delà du mur lugubre, immense
Par la mort établi ?

On dit que, souffrant trop de notre ingratitude,
Vous quittez quelquefois la froide solitude
Où nous vous délaissons ;
Et que vous paraissez au milieu des ténèbres
En laissant échapper de vos bouches funèbres
De lamentables sons.

Tristes, pleurantes ombres,
Qui dans les forêts sombres,
Montrez vos blancs manteaux,
Et jetez cette plainte
Qu’on écoute avec crainte
Gémir dans les roseaux.

Ô lumières errantes !
Flammes étincelantes,
Qu’on aperçoit la nuit
Dans la vallée humide,
Où la brise rapide
Vous promène sans bruit ;

Voix lentes et plaintives,
Qu’on entend sur les rives