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poésies.

Seuls et silencieux,
Vous écoutez chanter les voix du sanctuaire
Qui vous viennent d’en haut et passent sur la terre
Pour remonter aux cieux.

Vous ne demandez rien à la foule qui passe,
Sans donner seulement aux tombeaux qu’elle efface
Une larme, un soupir ;
Vous ne demandez rien à la brise qui jette
Son haleine embaumée à la tombe muette,
Rien, rien qu’un souvenir.

Toutes les voluptés où notre âme se mêle,
Ne valent pas pour vous un souvenir fidèle,
Cette aumône du cœur,
Qui s’en vient réchauffer votre froide poussière,
Et porte votre nom, gardé par la prière,
Au trône du Seigneur.

Hélas ! ce souvenir que l’amitié vous donne
Dans le cœur meurt avant que le corps n’abandonne
Ses vêtements de deuil,
Et l’oubli des vivants, pesant sur votre tombe,
Sur vos os décharnés plus lourdement retombe
Que le plomb du cercueil !

Notre cœur égoïste au présent seul se livre,
Et ne voit plus en vous que les feuillets d’un livre
Que l’on a déjà lus ;
Car il ne sait aimer, dans sa joie ou sa peine,
Que ceux qui serviront son orgueil ou sa haine :
Les morts ne servent plus.