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poésies.


« Dors heureux, ô mon père ! et du fond de ta tombe
« Protège ton enfant dont la force succombe.
« Succomber ! Qu’ai-je dit ? Pardonne, ô Nicolas !
« Cette lâche parole à ton fils échappée.
« Quand on est l’Empereur et qu’on porte une épée,
« On ne succombe pas.

« Vainqueurs de Malakoff, dans la sainte Russie,
« Vos pères avaient vu notre gloire obscurcie ;
« Ils avaient au Kremlin arboré leurs drapeaux,
« Quand, vainqueurs à leur tour, les guerriers de l’Ukraine,
« Les chassant devant eux, sont venus dans la Seine
« Abreuver leurs chevaux.

« Ô Rois de l’Occident, ces Russes, ces Tartares
« Que dans votre mépris vous appelez barbares,
« Ces vaincus d’aujourd’hui, demain seront vainqueurs.
« Gloire de nos aïeux, un moment effacée,
« Je saurai retrouver les mains qui t’ont tracée
« De leurs glaives vengeurs.

« Des sommets de l’Oural aux mers de la Finlande,
« Des bords du Dniéper aux monts de la Courlande,
« Des rives d’Arkhangel au golfe d’Astrakhan,
« Des flots de Kamtchatka jusqu’au désert immense
« Où resplendit encor l’indomptable puissance
« Des fils de Gengis-Khan.

« Du nord jusqu’au midi, du couchant à l’aurore,
« Que ma voix dans les airs retentisse, sonore