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Le nom de parricide est le seul qui me reste !
Je me sens à ce nom agité de fureur.
Ah ! Cruel, s'il se peut, épargne m'en l'horreur.

Artaxerce.

Ah ! Frère infortuné, plus cruel que moi-même ;
Et que puis-je pour toi dans ce malheur extrême ?
Est-ce moi qui t'ai seul chargé d'un crime affreux ?
Ai-je prononcé seul un arrêt rigoureux ?
Que n'ai-je point ici tenté pour ta défense ?
J'aurais de tout mon sang payé ton innocence ;
Et si je n'avais craint que d'un si noir forfait
Ma pitié ne m'eût fait soupçonner en secret,
J'aurais, pour conserver une tête si chère,
Trahi les lois, trahi jusqu'au sang de mon père.
Plains-toi, si tu le veux, d'un devoir trop fatal ;
Accuses-en le juge, et non pas le rival.
Quels que soient ses appas, quelque ardeur qui me presse,
Je te donne ma foi que jamais la princesse,
Libre par ton trépas d'obéir à la loi,
Ne me verra tenter un cœur qui fut à toi.
L'instant fatal approche. Adieu, malheureux frère,
Victime qu'à regret je dévoue à mon père ;
Dans ces moments affreux, si terribles pour toi,
Victime cependant moins à plaindre que moi.
Adieu. Malgré les coups dont le destin t'accable,
Va mourir en héros, et non pas en coupable.

Darius.

Va, je n'ai pas besoin de conseils pour mourir ;
La mort, sans m'effrayer, à mes yeux peut s'offrir.
C'est le supplice, et non le trépas qui m'offense ;
C'est de te voir, cruel, braver mon innocence,
Te plaire en ton erreur, chercher à t'abuser.

Artaxerce.

Ingrat, qui veux-tu donc que je puisse accuser ?
Croirai-je qu'Artaban qui perd tout en mon père,
Ait porté sur son prince une main meurtrière ?
Quel espoir sous mon règne aurait flatté son cœur,
Moi qui ne l'ai jamais pu voir qu'avec horreur ?
Rien ne peut désormais retarder ton supplice.

Darius.

Et le ciel peut souffrir cette horrible injustice !
Ah, misérable honneur, malheureuse vertu !
Hélas ! Que m'a servi d'en être revêtu ?
Quoi, je meurs accusé du meurtre de mon père,