Garde-toi sur ses jours d'aller rien entreprendre !
Souffre, sans t'alarmer, que j'ose le défendre.
Si les rivaux étaient tous aussi généreux,
On ne verrait pas tant de criminels entre eux ;
C'est lui, qui dans l'aveu qu'il m'a fait de sa flamme,
Sur de cruels soupçons vient d'éclaircir mon âme,
Qui sensible à tes maux, bien loin d'en abuser,
À l'offre de ma main vient de se refuser.
Je crains trop les transports où ton amour te livre ;
Partons, si tu le veux, je suis prête à te suivre.
Fuyons loin de Xerxès, mais en quittant ces lieux,
Sortons-en, s'il se peut, encore plus vertueux ;
Laissons à l'univers plaindre des misérables
Qu'il abandonnerait s'il les croyait coupables :
J'aime mieux que Xerxès plaigne un jour nos malheurs,
Que de voir ses États en proie à nos fureurs.
Les dieux protégeront des amours légitimes
Qui ne seront souillés ni d'horreurs, ni de crimes.
Contente pour tout bien de l'honneur d'être à toi,
Je ne demande plus que ton cœur et ta foi.
Xerxès vient ; garde-toi d'un seul mot qui l'offense,
D'armer contre tes jours une injuste vengeance ;
Il sera moins aigri d'entendre ici ma voix,
Feignons...
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Scène V
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C'est donc ainsi que respectant mes lois,
Vous osez d'Amestris chercher ici la vue ?
Depuis quand à ses feux est-elle défendue ?
Ah ! Seigneur, se peut-il que ce fils malheureux
Vous éprouve toujours si contraire à ses voeux ?
Ne peut-il d'un adieu soulager sa misère,
Et ses moindres regrets offensent-ils son père ?
Ne craignez point que prêt à vous désobéir,
Il apprenne avec moi, Seigneur, à vous trahir ;
D'un héros si soumis vous n'avez rien à craindre,
Et vous ne l'entendrez vous braver, ni se plaindre.
De vos cruels détours moi seule je gémis ;