Page:Crébillon - Théâtre complet, éd. Vitu, 1923.djvu/381

Cette page n’a pas encore été corrigée


Qu'à des détours plus bas on vit cent fois descendre.
Darius me trahir ! Je ne le puis penser :
Le croire un seul moment ce serait l'offenser.
Non, le ciel ne fit pas un cœur si magnanime
Pour le laisser souiller de parjure et de crime.
Cependant Mérodate a paru dans ces lieux,
Sans nul empressement de s'offrir à mes yeux.
Tout parle du héros où mon cœur s'intéresse,
Mais rien ne m'entretient ici de sa tendresse.
D'où peut naître l'effroi dont je me sens saisir ?
Ah ! d'un mortel soupçon courons nous éclaircir ;
Mourir pour Darius, si ma gloire l'ordonne,
Ou punir sans regret l'ingrat s'il m'abandonne ;
Et quelque affreux tourment qu'il en coûte à mon cœur,
Mesurer ma vengeance au poids de ma douleur.

}}

ACTE II


Scène I

Barsine, Arsace, Cléone.
Barsine.

Qu'un si rare bonheur, si j'osais vous en croire,
Aurait de quoi flatter mes désirs et ma gloire !
Mais je ne puis penser qu'une si vive ardeur
Puisse encore pour Barsine occuper ce grand cœur,
Ni que de tant d'exploits que l'univers admire,
Ma main soit le seul prix où Darius aspire.
Et de ce même hymen si doux à mes souhaits,
Xerxès vient, dites-vous, d'ordonner les apprêts !
Arsace, à tant d'honneurs aurais-je osé prétendre ?

Arsace.

C'est par l'ordre du roi que je viens vous l'apprendre,
Lui-même en un moment vous en instruira mieux ;
Ce prince va bientôt se montrer en ces lieux.

{{scène|