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Que s'il faut vous venger, c'est loin de l'Ibérie.
Reprenez avec moi le chemin d'Arménie.

Rhadamisthe

Non, non, il n'est plus temps ; il faut remplir mon sort,
Me venger, servir Rome, ou courir à la mort.
Dans ses desseins toujours à mon père contraire,
Rome de tous ses droits m'a fait dépositaire ;
Sûre, pour rétablir son pouvoir et le mien,
Contre un roi qu'elle craint, que je n'oublierai rien,
Rome veut éviter une guerre douteuse,
Pour elle contre lui plus d'une fois honteuse ;
Conserver l'Arménie, ou, par des soins jaloux,
En faire un vrai flambeau de discorde entre nous.
Par un don de César je suis roi d'Arménie,
Parce qu'il croit par moi détruire l'Ibérie.
Les fureurs de mon père ont assez éclaté
Pour que Rome entre nous ne craigne aucun traité.
Tels sont les hauts projets dont sa grandeur se pique.
Des romains si vantés telle est la politique :
C'est ainsi qu'en perdant le père par le fils
Rome devient fatale à tous ses ennemis.
Ainsi, pour affermir une injuste puissance,
Elle ose confier ses droits à ma vengeance,
Et, sous un nom sacré, m'envoyer en ces lieux,
Moins comme ambassadeur, que comme un furieux
Qui, sacrifiant tout au transport qui le guide,
Peut porter sa fureur jusques au parricide.
J'entrevois ses desseins ; mais mon cœur irrité
Se livre au désespoir dont il est agité.
C'est ainsi qu'ennemi de Rome et des ibères,
Je revois aujourd'hui le palais de mes pères.


Hiéron

Député comme vous, mais par un autre choix,
L'Arménie à mes soins a confié ses droits :
Je venais de sa part offrir à votre frère
Un trône où malgré nous veut monter votre père ;
Et je viens annoncer à ce superbe roi
Qu'en vain à l'Arménie il veut donner la loi.
Mais ne craignez-vous pas que malgré votre absence...

Rhadamisthe

Le roi ne m'a point vu dès ma plus tendre enfance ;
Et la nature en lui ne parle point assez
Pour rappeler des traits dès longtemps effacés.
Je n'ai craint que tes yeux ; et sans mes soins peut-être,
Malgré ton amitié, tu m'allais méconnaître.