Page:Crébillon - Le Temple de Vénus, 1777.djvu/15

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Communément ils agitoient quelques points de morale : Moclès, dans ces diſcuſſions, faiſoit toujours briller ſa lumiere & ſa droiture. Une ſeule choſe qui auroit pu déplaire, c’étoit que deux perſonnes, ſi ſupérieures aux autres, & qui tenoient toutes leurs paſſions dans des bornes ſi reſſerrées, n’euſſent point triomphé de l’orgueil, & que mutuellement elles ſe propoſaſſent pour exemple. Souvent même, ne s’en repoſant pas ſur l'eſtime qu’ils avoient l’un pour l’autre, chacun d’eux entreprenoit ſon panégyrique, & ſe louoit avec une complaiſance, une chaleur, une vanité, dont aſſurément leur vertu n’auroit pas dû être contente.

Tout le reproche qu’on auroit pu faire à Moclès & à Almaïde, c’étoit de mêler quelquefois à leur morale, des peintures vives & trop détaillées du vice : leurs intentions, ſans doute, étoient bonnes ; mais il n’en étoit pas plus prudent à eux, de s’arrêter ſur des idées dont on ne ſauroit trop éloigner ſon imagination, ſi l’on veut échapper au trouble qu’elles portent ordinairement dans les ſens.

Almaïde & Moclès, qui n’y ſentoient pas de danger, ou s’y croyoient ſupérieurs, ne craignoient pas de diſſerter ſur la volupté :