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rieux emploi de l’amuser. Vous sçavez avec quelle promptitude elle fait connoissance, vous connoissez son indécente familiarité, & ses agaceries, mille fois plus indécentes encore. Nous sommes libertins : je n’avois rien dans le cœur pour me défendre d’elle. Elle ne me toucha point, mais elle me tenta. Je lui parlai sur le ton qui convenoit également à son caractère & à la sorte d’impression qu’elle faisoit sur moi. Loin de s’en offenser, les desirs les moins flatteurs pour elle, & les moins tendrement exprimés, lui parurent une passion violente qu’elle ne pouvoit récompenser trop tôt. La façon vive, & assez peu honnête dont je lui exposai mes intentions, acheva de me concilier son estime. Je lui dis des choses très-libres ; elle les prit pour des galanteries. Je ne voulois pas, comme vous le croyez bien, d’affaire en règle avec elle ; mais je la jugeois bonne pour une passade, & je résolus de m’en amuser tant qu’elle resteroit chez Julie. En revenant de la promena-