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assez vivement blessé, reprenoit pour vous ses premiers penchans ; mais vous aimiez encore Éraste. Je me représentai fortement l’inutilité de mes vœux. La certitude de ne pas réussir, & la crainte de vous ennuyer & de vous déplaire en vous poursuivant avec cette opiniâtreté fatigante, que nous croyons nous devoir quand une fois nous avons expliqué nos desirs, m’obligerent à garder le silence.

CIDALISE.

Vous fîtes fort bien. J’aimois en effet Éraste avec la plus grande vivacité ; & sûrement vous n’auriez pas eu à vous louer du succès.

CLITANDRE.

J’avois aussi quelques raisons de croire que quand même vous auriez été libre, vous ne m’en auriez pas rendu plus heureux. Quoi qu’il en soit, je n’imaginai même pas de vous informer des perfidies qu’il vous faisoit tous les jours. J’étois sûr que cette confidence ne feroit