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tems, si je paroîtrois l’avoir remarqué, ou si je continuerois à suivre mon objet ; mais la réflexion, que je fis que tout ce que je lui dirois sur cela ne feroit qu’allonger cette scène, & que cru amoureux ou indifférent, elle n’en retourneroit pas moins à son premier goût, me détermina pour le second parti. Après quelques tergiversations, de vengeur je devins confident. Ce second rôle ne flattoit pas autant ma vanité que le premier, mais comme il me convenoit davantage, ce fut sans aucun chagrin que je vis Luscinde passer vis-à-vis de moi, de toutes les fureurs de l’amour à la plus cruelle froideur. Quelle révolution !


Mais, ô cruel Amour ! ce sont-là de tes coups !


Luscinde enfin poussa l’indifférence si loin, & prit en même tems une si grande confiance en mon amitié, qu’elle ne craignit pas de me consulter sur ce qu’elle avoit à faire. Je lui répondis avec le même