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sation, j’étois assûré qu’elle ne se soutiendroit pas toujours sur le ton où nous l’avions commencée, & je crus, pour lui exposer mes intentions, devoir attendre qu’elle vînt à languir. Aussi-tôt que ce moment que, malgré les plaisirs que je goûtois, j’attendois avec impatience, fut arrivé, je me mis à lui parler du désespoir où seroit Oronte de perdre, & par sa seule faute, la seule femme qui pût rendre un homme parfaitement heureux. Elle me demanda si je croyois qu’il y fût si sensible, & je lui répondis affirmativement que je ne doutois pas qu’il n’en mourût de douleur. Ce sera donc par vanité, reprit-elle ; car à sa façon de se conduire, il ne se peut pas que je lui suppose un autre sentiment. Oh ! pour fort amoureux, repliquai-je, il est impossible que vous ne conveniez pas qu’il l’est. Là-dessus je lui exprimai finement, mais avec autant de feu que d’étendue, tout ce qu’Oronte avoit fait pour lui prouver qu’il avoit pour elle tout l’amour