Page:Crébillon - La Nuit et le Moment.djvu/222

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

arrangée de façon qu’Oronte, ou même quelque autre ne m’eût sauvé auprès d’elle l’embarras de la représentation, & ne m’eût permis de rester dans la foule. Quoique je ne désespérasse pas de l’amener sur cet article à un accommodement, elle me disoit des choses si tendres, & prenoit si sérieusement pour l’avenir de si grandes mesures, que je ne sçavois comment lui exposer un projet qui prouvoit si peu de sentiment & même d’estime. Ce n’étoit pas qu’il ne me fût aisé de lui promettre plus encore qu’elle n’exigeoit ; mais je ne voulois pas avoir avec elle le mauvais procédé de la faire rompre avec un homme qui étoit du moins fort nécessaire à sa vanité, lorsque je ne voulois pas le remplacer. Je ne me pressai cependant point de la tirer d’une erreur où dans cet instant j’avois besoin qu’elle restât, & qui, en excusant son ardeur, la faisoit se livrer à la mienne sans crainte, & même sans scrupule. Quelque vive que fût entre nous la conver-