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D’abord que je la sentis ébranlée, je cherchai à la décider pour moi par des discours plus animés que ceux que je lui avois déjà tenus, & la pressai de ne point permettre que je ne reparasse que le plus léger des torts qu’Oronte avoit avec elle. Comme elle ne me répondit point, je crus devoir interpréter son silence en ma faveur, & j’agis en conséquence. Je lui montrois peu de sentimens, mais beaucoup d’ardeur, & il n’est que trop ordinaire que l’un remplace l’autre, & mene même beaucoup plus loin. Elle me dit d’abord que j’étois un insolent, je le sçavois bien ; qu’elle crieroit, mais elle ne crioit pas ; & quand elle auroit eu recours à quelque chose de si indécent, mon cocher, à moins que je n’eusse crié moi-même, n’auroit pas arrêté. Comme il falloit cependant dire quelque chose à Luscinde, je convins avec elle qu’à la vérité elle pouvoit me trouver un peu trop libre, mais que l’amour, le desir, (excuses éternelles de toutes les impertinences qui se