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prends, qu’avant toi, je n’ai pas été aimée, & je sens avec plus de plaisir encore que jamais je n’ai rien aimé comme toi. Tu troubles… tu pénetres… tu accables mon ame !… Mais, sens-tu comme je t’aime ?… Je ne me connois plus, je meurs de ton amour & du mien.


L’on ne met pas ici la réponse de Clitandre, quelque vive qu’elle puisse être. On n’ignore point que tout ce que se disent les Amans, n’est pas fait pour intéresser, & que souvent les discours, qui les amusent le plus, sont ceux qu’il seroit le plus difficile de rendre, & qui valent le moins la peine d’être rendus. On supprime donc ici, comme en quelques autres endroits, les propos interrompus qu’ils se tiennent, & l’on n’y rend les deux interlocuteurs que lorsque le Lecteur peut, sans se donner la torture, entendre quelque chose à ce qu’ils se disent.