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dans la fureur où je suis. Songez que nous avons à tromper sur nos sentimens des personnes fort méchantes & fort éclairées. Eh ! comment voulez-vous que je puisse dissimuler les miens, quand je ne pourrai vous regarder sans la plus vive émotion ; que vos yeux ne se tourneront pas vers moi, sans pénétrer jusques à mon ame ; que je ne vous verrai pas ouvrir la bouche, sans desirer de vous la fermer avec mes lèvres ; qu’enfin tout, en vous voyant, me rappellera sans cesse les plaisirs dont vous m’avez comblé, & me jettera dans l’impatience d’une joüissance nouvelle ? Laissez régner dans mon cœur une volupté plus tranquille, vous ne m’en verrez pas moins amoureux. Quoi que vous puissiez accorder à mes desirs, il ne m’en restera que trop encore pour mon supplice !

CIDALISE.

Eh bien ! sois content !… joüis de toute ma tendresse & des transports que tu m’inspires ! Tu m’ap-