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secrette dont elle n’ôsoit pas s’appuyer devant moi, mais qui pouvoit n’en être pas moins la cause de son opiniâtreté, me dit enfin, d’un air de vanité, qui me choqua, je l’avoüe, que s’il y avoit au monde un homme sur qui le chaud ne prît pas autant qu’elle le soutenoit, cet homme-là étoit un phénomène. Jugez combien moi, qui avois depuis plus d’un quart-d’heure, l’honneur d’être ce phénomène, & qui ne m’en croyois guères plus rare, je fus étonné qu’elle prisât tant une chose dont je faisois si peu de cas. Loin toutefois d’en vouloir abuser contre elle, je lui répondis toujours avec la même humilité, que je ne croyois pas qu’un homme qui auroit en lui-même dequoi n’être pas de son avis, dût s’en estimer beaucoup davantage. Là-dessus elle me dit, mais d’un air qui me faisoit aisément juger à quel point elle me croyoit éloigné d’avoir de si fortes preuves contre son systême, que j’étois comme tous les ignorans, de qui la fantaisie est de