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quel excès cette passion m’emporteroit, vous ne voudriez pas sans doute m’en trouver si susceptible.

CIDALISE.

Ah ! qu’importe ? Soyez injuste, soupçonneux, emporté. Comblé sans cesse des preuves de mon amour, ne vous croyez jamais assez aimé. À quelque point que vous portiez la jalousie, vous ne me verrez jamais m’en plaindre.


Clitandre toujours plus honnête que Cidalise ne voudroit, croit devoir encore la remercier des preuves de passion qu’elle lui donne ; mais elle s’oppose si sérieusement à cette politesse, qu’il est forcé de renoncer à ses projets. Il la boude ; elle le baise, le raille sur sa prétention, & ose même lui soutenir qu’il n’est pas malheureux, pour sa vanité, qu’elle ne s’y prête pas. Ce propos le choque, il lui soutient que la vanité n’a pas autant de part, qu’elle le pense, au desir qu’il auroit de lui rendre graces des choses obligeantes