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tandre. Vous me connoissez, & puisqu’enfin je consens à vous livrer mon cœur, vous ne devez pas douter que vous ne soyiez un jour maître de ma personne ; mais laissez-moi m’accoutumer à ma foiblesse, & donnez-moi la consolation de ne pas succomber comme la Malheureuse, de qui vous venez de me raconter les horreurs.

CLITANDRE.

Quoi ! vous pouvez craindre que je vous confonde avec elle ?

CIDALISE.

Si j’étois assez heureuse pour que vous fussiez mon premier engagement, & que vous connussiez mieux ma façon de penser, vous ne me verriez ni les mêmes scrupules, ni les mêmes craintes ; mais je ne vous apporte pas un cœur neuf, & de quelque prix que le mien puisse vous paroître aujourd’hui, je tremble que vous ne l’estimiez pas toujours autant que vous paroissez le faire, & que le peu, qu’il vous a