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LE SOPHA


CHAPITRE IV

Où l’on verra des choses qu’il se pourrait bien qu’on n’eût pas prévues.


« Après la mort de Fatmé, mon âme prit son essor, et vola dans un palais voisin, où tout me parut à peu près réglé comme dans celui que j’abandonnais. Dans le fond pourtant, on y pensait d’une façon bien différente.

« Ce n’était pas que la dame qui l’habitait entrât dans cet âge où les femmes un peu sensées, quand elles ne condamneraient pas la galanterie comme un vice, la regardent au moins comme un ridicule. Elle était jeune et belle, et l’on ne pouvait pas dire qu’elle n’aimait la vertu que parce qu’elle n’était point faite pour l’amour. À son air simple et modeste, au soin qu’elle prenait de faire de bonnes actions et de les cacher, à la paix qui semblait régner dans son cœur, on devait