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LE SOPHA
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heur, je priais ardemment Brahma de ne point permettre qu’elle se dissipât. Inutiles vœux ! J’étais trop criminel pour que deux âmes innocentes, et dignes de leur félicité, me fussent sacrifiées.

« Phéléas, après avoir langui quelques instants sur le sein de Zéïnis, pressé par de nouveaux désirs que la faiblesse de son amante avait rendus plus ardents, la regarda avec des yeux qui exprimaient la délicieuse ivresse de son cœur. Zéïnis, embarrassée des regards de Phéléas, détourna les siens en soupirant.

— « Quoi ! tu fuis mes regards, lui dit-il. Ah ! tourne plutôt vers moi tes beaux yeux. Viens lire dans les miens toute l’ardeur que tu m’inspires ! »

« Alors il la prit dans ses bras. Zéïnis tenta encore de se dérober à ses transports ; mais soit qu’elle ne voulût pas résister longtemps, soit que se faisant illusion à elle-même, en cédant, elle crût résister, Phéléas fut bientôt regardé aussi tendrement qu’il désiroit de l’être.

« Quoique les dernières bontés de Zéïnis l’eussent jeté dans une tendre langueur peu différente de celle où mes transports l’avaient plongée, et qu’elle regardât Phéléas avec toute la volupté qu’il avait désirée d’elle, elle parut se repentir de s’être livrée à son ardeur, et chercha à se retirer des bras de Phéléas.