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LE SOPHA

— « Que vous tenez de misérables propos ! s’écria-t-elle en le regardant d’un air de pitié, et que le ton railleur et léger convient mal à une espèce comme vous !

— « Vous aurez beau faire, Madame, répondit-il, je ne m’écarterai ni du respect que je vous dois, ni du plan sur lequel j’ai résolu de vous entretenir. Je ne serai pas fâché de vous offrir en ma personne un modèle de modération ; peut-être qu’en ne me voyant point me démentir, vous serez tentée de m’imiter.

— « Vous l’exercerez donc tout seul, cette modération si vantée, repartit-elle en se levant, car je vais…

— « Non, s’il vous plaît, Madame, dit-il en la retenant, vous ne me quitterez point ! Ce n’est pas ainsi que des gens comme nous doivent finir ; pour votre honneur, pour le mien, nous devrons naturellement nous prêter à un éclaircissement, et éviter un éclat qui serait beaucoup plus à craindre pour vous que pour moi. En un mot, Zulica, vous m’écouterez ! »

« Soit que Zulica sentît le tort que cette aventure pouvait lui faire si elle se répandait, et qu’elle crût, toutes réflexions faites, ne devoir rien oublier pour engager Mazulhim au silence ; soit que, trop méprisable pour être longtemps fâchée qu’on la méprisât, sa colère commençât à se calmer, elle se rejeta sur le sopha, mais sans regarder Mazulhim, qui, peu