Page:Crébillon (Fils) - Le Sopha.djvu/152

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
148
LE SOPHA

vous ; mais je n’y vols pas d’apparence, et j’avouerai sans peine que rien ne me justifie.

— « C’est que, quand on se connaît d’une certaine façon, dit-elle, l’on doit laisser les gens en repos.

— « Ce sera sans doute le parti que je prendrai si ceci a des suites, répliqua-t-il ; vous permettrez pourtant que je me flatte du contraire.

— « En vérité, dit-elle, je ne vous le conseille pas ! »

« Alors elle se leva, prit son éventail, remit ses gants, et, tirant une boîte à rouge, alla vis-à-vis une glace. Pendant qu’avec toute l’attention possible elle tâchait de se remettre comme elle était lorsqu’elle était entrée, Mazulhim, qui était venu derrière elle, en troublant son ouvrage, la priait tendrement de ne se point donner une peine qu’à coup sûr il faudrait qu’elle reprît. Zulica ne lui répondit d’abord que par une mine qui dut lui prouver le peu de foi qu’elle avait de ses prédictions ; mais voyant enfin qu’il continuait à la tourmenter :

— « Eh bien ! Monsieur, lui dit-elle, ceci sera-t-il éternel, et ne voulez-vous pas que je puisse sortir ? Vous n’avez qu’à dire.

— « Mais autant que je puis m’en souvenir, répondit-il, tout est dit là-dessus ; est-ce que vous ne soupez pas ici ?