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LE SOPHA

assez peu de foi que celui que vous me tenez là, interrompit Zulica, qui, ayant déterminé en elle-même le temps que l’on pouvait rester enchanté, croyait alors avoir accordé assez de répit.

— « Je sais bien, reprit-il, que, si vous me jugez à la rigueur, vous ne devez pas être contente ; mais moins vous l’êtes, plus vous devriez achever de me mettre dans mon tort !

— « Je doute, répliqua-t-elle, que cela fût convenable.

— « Je vous croyais moins attachée à la décence, reprit-il, d’un air railleur, et j’osais espérer…

— « Vous prenez assurément bien votre temps pour railler, interrompit-elle. Vous avez raison ; rien n’est si glorieux pour vous que cette aventure !

— « Mais, Zulica, reprit-il, ne voudriez-vous donc jamais sentir que le ton que vous prenez ne peut que me nuire et perpétuer mon humiliation ?

— « C’est, je vous le jure, dit-elle, ce dont je me soucie le moins.

— « Mais, lui demanda-t-il, si vous vous en souciez si peu, de quoi vous fâchez-vous tant ?

— « Vous me permettrez de vous dire, Monsieur, que c’est une fort sotte question que celle que vous me faites. »