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LE SOPHA

Il le lui dit même ; mais soit qu’elle s’y amusât, soit qu’elle n’eût pas si bonne opinion que lui de l’après-souper, elle était moins impatiente. Cependant elle l’aimait ; il la pressa, bientôt… Ah ! Mazulhim ! que tu aurais été heureux, si tu avais su aimer !

« Peu de temps après, Zéphis sortit, et Mazulhim la suivit, en lui faisant des protestations d’amour et de reconnaissance, que je crus d’autant moins vraies qu’elle les méritait mieux. Zéphis était trop estimable pour qu’il pût s’attacher constamment à elle ; elle était vraie, sans fard, sans coquetterie. Mazulhim était sa première affaire : mais ce qui aurait fait la félicité d’un autre, n’était, pour ce cœur corrompu, qu’une liaison où il ne trouvait ni plaisir ni amusement. Il ne lui fallait que de ces femmes qui, nées sans sentiment et sans pudeur, ont mille aventures, sans avoir un amant, et qu’à l’indécence de leur conduite, on pourrait accuser de chercher plus encore le déshonneur que le plaisir. Il n’était pas étonnant que Mazulhim, qui n’était qu’un fat, plût aux femmes de ce genre, et qu’à son tour il les recherchât.

— Mais, Amanzéi, demanda la Sultane, comment un homme de si peu de mérite avait-il pu toucher une personne aussi estimable que vous nous avez peint Zéphis ?

— Si Votre Majesté voulait bien se ressouvenir du portrait que j’ai fait de Mazulhim,