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LE SOPHA

tails de l’amour, il voulût empêcher Zéphis de s’ennuyer) crut devoir employer ces riens charmants quand ils précèdent ou suivent une conversation sérieuse ; mais qui par leur frivolité ne sont pas faits pour en tenir lieu. Zéphis refusa d’abord de s’y prêter, mais croyant à l’empressement extrême avec lequel Mazulhim lui demandait plus de complaisances qu’il n’avait besoin qu’elle en eût, elle consentit par pure générosité, et en haussant les épaules, à ce dont il se faisait de si grandes idées, et dont, car il faut lui rendre justice, elle attendait beaucoup moins que lui.

« L’air inattentif et même ennuyé qu’elle garda longtemps, loin d’impatienter Mazulhim, l’engagea à redoubler ses soins, et comme il était l’homme de son temps qui savait le mieux traiter les petites choses, il la força à lui prêter plus d’attention ; de l’attention il la conduisit à l’intérêt : le peu de réalité des objets qu’il lui offrait disparut insensiblement à ses yeux ; elle seconda elle-même l’illusion où il la jetait, et connut enfin de combien de plaisirs l’imagination est la source, et combien sans elle la nature serait bornée.

« Pour comble de bonheur, ce que Mazulhim avait peut-être moins regardé comme une ressource pour lui que comme une sorte de dédommagement qu’il devait à Zéphis, lui fit une impression plus vive qu’il ne s’en était flatté. Les charmes de Zéphis, devenus même