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LE SOPHA

sorte d’amusements qu’il fût en état de lui procurer, il s’abandonna à la rêverie, en la regardant assez tendrement. Honteux, peu de temps après, du personnage qu’il jouait auprès de la plus belle femme d’Agra, mais consterné encore de ses malheurs, tremblant, en voulant les réparer, d’essuyer de nouveaux affronts, il fut quelques moments sans savoir à quoi se déterminer. Il craignit enfin que son silence et sa froideur ne parussent plutôt à Zéphis des preuves d’indifférence que de crainte ou de repentir. Il la prit brusquement dans ses bras, et, lui donnant les baisers les plus tendres, sembla vouloir sortir, par un coup d’éclat, de la profonde léthargie dans laquelle il était plongé. Zéphis d’abord parut délibérer en elle-même si elle se prêterait aux nouvelles entreprises de Mazulhim. Si sa tendresse la sollicitait à tout accorder, cette même tendresse lui faisait voir avec douleur qu’elle n’avait jamais plus de cruauté pour Mazulhim, que quand elle ne lui refusait rien. Désirait-il d’être heureux, ou la connaissait-il assez peu pour croire qu’elle serait blessée, s’il ne cherchait pas à le devenir ? Était-ce enfin l’amour ou la vanité qui le ramenait si tendre ?

« Pendant qu’elle s’occupait de ces idées, Mazulhim (soit qu’il cherchât uniquement à se tirer d’une situation qui l’ennuyait, soit que, comme il était admirable pour les menus dé-