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LE SOPHA

que de moment en moment elle le rendait moins excusable. Cette complaisance même devenait plus tendre ; insensiblement elle augmentait. Zéphis défendait moins, elle accordait de meilleure grâce ; ses yeux brillaient d’un feu que je ne leur avais pas encore vu ; il semblait que ce ne fût que dans cet instant qu’elle se fût véritablement rendue : elle n’avait jusque-là que souffert les empressements de Mazulhim, alors elle les partageait. Cette répugnance inséparable du premier moment que tant de femmes jouent, et que si peu sentent, avait cessé. Zéphis soutenait sans embarras les éloges de Mazulhim, et paraissait même désirer qu’il pût se mettre à portée de lui en donner de nouveaux : elle rougissait, et ce n’était pas la pudeur qui la faisait rougir ; ses regards ne se détournaient plus de dessus les objets qui d’abord avaient paru la blesser ; la pitié que Mazulhim lui inspirait enfin n’eut plus de bornes : cependant…

— Ah ! oui, interrompit le Sultan ; cependant… J’entends bien, voilà un impertinent homme ! Je ne connais rien qui soit à la longue plus insupportable que les procédés qu’il a avec Zéphis ; je suis bien sûr qu’elle s’en fâcha.

— Et moi, dit la Sultane, je la suis du contraire : se fâcher d’un pareil malheur, c’est le mériter.

— Bon ! reprit le Sultan, pensez-vous