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CHAPITRE II.


1. Meng tzeu dit : « Pe i ne permettait ni à ses yeux de voir ni à ses oreilles d’entendre rien de mal. Il n’aurait pas servi un prince qu’il n’aurait pas cru estimable, ni gouverné des hommes qu’il n’aurait pas jugés dignes de ses soins. En temps de paix intérieure, il acceptait une charge ; en temps de trouble, il la quittait. Il n’aurait pu supporter le séjour d’une cour, où le gouvernement aurait été arbitraire, ni d’un pays dont les habitants auraient été vicieux. S’il s’était trouvé avec des villageois, il se serait cru souillé, comme si, en robe de cour et en chapeau de cérémonie, il s’était assis dans un amas de fange ou de charbon. Sous le règne de Tcheou, il alla demeurer, au nord sur le rivage de la mer, en attendant que l’empire fût exempt de souillure. Le récit des actions de Pe i rend sages (et désintéressés) les hommes insensés (et cupides) ; il inspire des résolutions courageuses aux cours les plus timides.

« I in disait : « Le prince que je sers, quel qu’il soit, n’est il pas mon prince ?