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Soung. Cet homme, voyant avec peine que sa moisson ne grandissait pas, tira les tiges avec la main (pour les allonger). De retour chez lui, ce nigaud dit aux personnes de sa maison : « Aujourd’hui je suis très fatigué ; j’ai aidé la moisson à grandir. » Ses fils coururent voir son travail. Les tiges étaient déjà desséchées. Dans le monde il est peu d’hommes qui ne travaillent pas à faire grandir la moisson par des moyens insensés. Ceux qui s’imaginent que la sensibilité (les passions, les affections de l’âme) sont inutiles, et qui les négligent, ressemblent au laboureur qui laisse les mauvaises herbes croître dans sa moisson. Ceux qui emploient des moyens violents pour en développer plus vite l’énergie, font comme cet insensé qui arracha sa moisson. Leurs efforts ne sont pas seulement inutiles ; ils sont nuisibles. »

(Koung suenn Tch’eou dit) : « Qu’appelez vous comprendre les paroles ? » Meng tzeu répondit : « Si quelqu’un émet une proposition inexacte, je vois en quoi il est aveuglé (par ses mauvaises inclinations). Si quelqu’un ne met aucun frein à sa langue, je vois dans quels excès il se précipite. Si quelqu’un dit une parole qui porte au mal, je vois en quoi il s’écarte de la voie de la vertu. Si quelqu’un dit