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« Cette impassibilité de l’âme est elle soumise à des règles, demanda Koung suenn Tch’eou ? » « Oui, répondit Meng tzeu. Voici comment Pe koung Iou entendait la force d’âme. Il n’aurait pas fait un mouvement, ni cligné l’œil (pour éviter un coup). S’il avait reçu de quelqu’un le moindre tort, la moindre injure, il en aurait été outré, comme s’il avait été battu de verges dans la place publique. Il n’aurait rien supporté, ni de la part d’un villageois en large vêtement de laine, ni de la part d’un prince possesseur de dix mille chariots de guerre. A ses yeux, tuer un prince possesseur de dix mille chariots de guerre, c’eût été la même chose que de tuer un villageois vêtu d’une grossière étoffe de laine. Il ne craignait pas les princes. Entendait-il une parole dite contre lui ; aussitôt il la rendait.

« Meng Cheu che faisait connaître en quoi consistait sa force d’âme, lorsqu’il disait : « Je considère du même œil la victoire et la défaite. Calculer les forces de l’ennemi avant de marcher contre lui, n’engager la bataille qu’avec la certitude de la victoire, c’est craindre une armée nombreuse (c’est manquer de bravoure). Moi Che, comment pourrais-je avoir