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Ils répondirent : On va l’immoler, pour frotter de son sang les ouvertures d’une cloche. Laissez le aller, dit le roi ; je ne puis supporter de le voir trembler comme un innocent qui serait conduit au supplice. Faudra-t-il donc, répliquèrent-ils, omettre de frotter de sang les ouvertures de la cloche ? » « Conviendrait-il d’omettre cette cérémonie, dit le roi ? Prenez une brebis à la place du bœuf.  » (Meng tzeu ajouta) : « Je ne sais si ce fait est vrai. » « Il est vrai, dit le roi. »

Meng tzeu reprit : « Cette bonté de cœur, (qui se manifeste même à l’égard des animaux), vous suffit pour (gagner tous les cœurs et) vous rendre maître de l’empire. Tout le peuple a cru que vous aviez obéi à un sentiment d’avarice, (en ordonnant d’immoler une brebis à la place d’un bœuf). Moi, je sais bien que vous avez été mû par un sentiment de compassion. » « Vous ne vous trompez pas, dit le roi. Sans doute le soupçon du peuple paraissait fondé ; mais, bien que la principauté de Ts’i soit petite, comment aurais je été assez avare pour refuser de sacrifier un bœuf ? Je n’ai pu supporter de le voir trembler, comme un innocent qu’on traîne au supplice. Voilà pourquoi j’ai ordonné d’immoler une brebis à sa place. »