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olives, digérées, ont été, par cet acte, privées de leur huile naturelle, et les noyaux sont devenus perméables à l’humidité de la terre ; la fiente des oiseaux a servi d’engrais, et peut-être la soude que contient cette fiente, en se combinant avec une portion d’huile échappée à la digestion, a-t-elle favorisé la germination. Voilà probablement le raisonnement qu’a fait cet agriculteur, et qui l’a conduit à tenter les essais suivants : « Il a fait avaler des olives mûres à des dindons renfermés dans une enceinte ; il a recueilli leur fiente, contenant les noyaux de ces olives, et il a placé le tout dans une couche de terreau, qu’il a fréquemment arrosée ; les noyaux ont levé, et il a eu des plants d’oliviers qu’il a repiqués ensuite, et qui ont parfaitement végété. Éclairé par cette expérience, il a cherché à se passer des oiseaux de basse-cour, et il a fait macérer des noyaux dans une lessive alcaline ; peu de temps après, il les a semés et il a obtenu un plant d’olivier aussi beau quele premier. » Les agronomes doivent regarder ce procédé ingénieux comme une découverte susceptible de plusieurs applications, soit en France, soit dans les colonies. Il est, en effet, des semences tellement oléagineuses, qu’il faut des circonstances particulières très rares, pour que l’eau puisse les pénétrer et les développer ; telles sont les muscades, qui ne levent point dans nos serres chaudes, et qui peut-être végéteraient si elles étaient soumises à l’action d’une lessive alcaline ou à celle de la digestion d’une gallinacée. Nous aurons encore l’occasion de faire remarquer, lorsque nous ferons l’histoire du fruit du gui, l’influence du suc gastrique des oiseaux sur la germination de certaines graines. On croit l’olivier originaire de l’Asie Mineure, prèsle mont Taurus ;oude la Grèce, d’où il aurait été importé en Europe par les Romains : dans ce dernier pays, ses feuilles servaient à tresser des couronnes aux Grâces, à Minerve, et souvent même aux nouveaux époux et aux vainqueurs dans les jeux Olympiques. «Lechoix, » dit l’auteur des Commentaires sur la botanique de Pline, que les anciens faisaient de tels ou tels végétaux, pour en composer des couronnes, n’était pas aussi arbitraire qu’on pourrait le penser. Le lierre, le laurier, le chêne, le pin, le myrte, le romarin, les graminées, et enfin l’olivier, devaient être préférés à cause de la consistance de leurs feuilles ou de la flexibilité de leurs rameaux, L’olivier a été en opposition avec le laurier, le symbole de la paix, de la chasteté, de la clémence (i), et en général de toutes les vertus paisibles. On voit, dans la Genèse, qu’après le déluge une colombe apporta à Noé une branche d’olivier. Cet arbre est encore, de nos jours, le symbole de la paix. » Les olives forment un objet de consommation et de commerce assez important ; avant d’être expédiées et d’être servies sur nos tables, on les soumet à une opération qui a pour but de détruire leur âpreté. Le procédé que l’on doit à Picholini, et qui a conservé son nom, consiste à cueillir ce fruit lorsqu’il est encore vert, à le mettre dans de grandes jattes d’eau, qu’on renouvelle pendant huit ou dix jours ; on sale ensuite fortement la dernière eau, et c’est dans cette saumure qu’on les conserve. On est dans l’usage, avant de les y plonger, de les passer dans une faible solution de potasse ou de soude rendue plus caustique par la chaux. Eu Provence on farcit les olives, en séparant le noyau avec soin et le remplaçant par des hachis d’anchois, de câpres ou de truffes ; on les introduit ensuite dans des bocaux, on les immerge d’huile, et on ferme soigneusement pour empêcher que celle-ci ne passe au rance. On nomme olives pochées celles que l’on a conservées quelque temps dans la poche après les avoir retirées de la sau mure. Il y a des personnes qui en sont très-friandes ; on doit se garder cependant d’en faire un usage abusif ; car cet (1)Les sceptres des rois étaient jadis faits d’olivier sauvage: cet arbuste était en grande vénération.