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aigus par celui de leur attache aux parois des loges.

On en distingue un grand nombre d’espèces et une quantité presque innombrable de variétés. Tandis que la culture en fournit tous les jours de nouvelles, d’autres se perdent et disparaissent.

L’analogie qu’offrent les pommes et les poires les a longtemps fait confondre ; on désignait autrefois sous la dénomination de pommes femelles les pommes proprement dites, et les poires sous celles de pommes mâles, attendu que l’arbre qui les produit présente une végétation plus vigoureuse, un port plus élevé et des feuilles plus résistantes.

Les pommes et les poires, qui se ressemblent sous tant de rapports, offrent cependant des différences très-remarquables, dans leur forme, la composition de leur tissu cellulaire et leur pesanteur spécifique. Les premières ont toujours leur base creusée d’une cavité plus ou moins profonde, dans laquelle s’implante le pédoncule ; elles sont généralement sphéroïdes ; tandis que la poire, au lieu d’être creusée à sa base, se prolonge toujours plus ou moins vers la queue, et représente assez exactement une pyramide, forme à laquelle elle doit vraisemblablement son nom. Le tissu cellulaire de la pomme, d’après des observations microscopiques toutes récentes que l’on doit à M. Turpin, se compose d’une grande quantité de vésicules distinctes, simplement agglomérées, vivant et végétant chacune pour son compte, de grandeur variable dans la même pomme, et d’autant plus grandes en général, que ces fruits sont plus gros et plus légers. Ces vésicules incolores et transparentes s’altèrent d’autant plus dans leur sphéricité naturelle et primitive, qu’elles ont manqué de l’espace nécessaire à leur développement individuel. Dans leur intérieur se trouve une globuline également incolore. Toutes ces vésicules, insipides par elles-mêmes, comme autant d’outres particulières, contiennent une eau plus ou moins abondante et dans laquelle réside la saveur acide, sucrée ou amère qui se fait sentir dans chaque variété de pomme.

Comme on le voit, le tissu cellulaire de la chair de pomme est entièrement semblable à celui de tous les autres végétaux, et particulièrement à ceux qui sont lâches et aqueux, et dans lesquels les vésicules, libres de se développer, ont pris toute leur extension ; on n’y rencontre jamais ni cristaux ni concrétions pierreuses. La pesanteur spécifique des pommes est moindre que celle des poires ; cette différence, que M. Turbin attribue à la présence des concrétions dans les premières et à leur absence dans les autres, peut bien être due aussi à la présence du principe sucré, généralement plus abondant dans les poires que dans les pommes. Cette circonstance étant connue, rien n’est plus facile que de distinguer deux morceaux cubiques ou sphériques de pomme ou de poire, lors même qu’ils sont soigneusement privés des autres caractères physiques qui les distinguent ; il suffit pour cela de les plonger dans l’eau, le morceau de poire ira immédiatement au fond, et celui de pomme resterai la surface.

Une circonstance non moins remarquable, c’est la différence constante qu’offrent les monstruosités de ces deux fruits ; celles des poires consistent presque toujours dans une proliférie, c’est-à-dire le développement successif de plusieurs poires les unes au-dessus des autres, tandis que celles des pommes résultent le plus souvent de la soudure ou de la greffe des fruits placés côté à côte.

Enfin un caractère bien tranché et qui permet de distinguer un pommier d’un poirier, avant même que la fructification soit effectuée, se remarque dans leurs fleurs ; bien que le calice et la corolle soient les mêmes dans l’un et l’autre genre, les filets des étamines, dans les pommiers, sont redressés et forment faisceau autour des styles ; tandis que, dans les poiriers, ils sont libres et s’écartent comme les rayons d’une roue.

Les pommes sont connues de temps immémorial ; les écrivains de l’antiquité en