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Ce beau fruit mûrit au mois de septembre ; il est principalement cultivé dans les départements méridionaux. Les habitants de ces contrées en font beaucoup de cas ; ils préfèrent, en effet, comme les anciens, les pêches à chair ferme, que nous nommons pavies et brugnons, et qu’ils nomment pesseguys, aux pêches molles et succulentes des environs de Paris et principalement de Montreuil.

À toutes ces variétés de pêches nous ajouterons, en les signalant seulement, celles qui suivent, cultivées avec succès par M. Tollard aîné, et qui lui ont été envoyées d’Amérique ; Red Catherine, Smith Alberge, Red prue aple, Congress, Président Old Mixon, Yellow preserving, Argyle, Temple, Washington, Green Winter, Nectarine, Brompton, Columbia, Modeste, large yellow, Red favorite de North River, Smith favorite.

Pomme, fruit du pommier, pirus-malus, L. ; famille des Rosacées, J.

Ce fruit étant très-commun et conséquemment l’un des plus connus, c’est à dessein que nous le choisissons pour expliquer le phénomène de la fructification. Nous espérons, en agissant ainsi, fournir aux personnes les plus étrangères aux connaissances botaniques les moyens de suivre les phases de ce phénomène si remarquable.

La fructification est sans contredit l’acte le plus important de la vie organique végétale ; elle exige deux conditions préalables sans lesquelles elle ne peut s’effectuer : la première est la fécondation[1] ; elle a lieu par le concours des organes sexuels, c’est-à-dire des étamines[2] et du pistil[3]. La seconde est l’accumulation dans l’ovaire d’une quantité de séve suffisante pour opérer son développement. Ces deux conditions remplies, la fructification est opérée.

C’est ainsi que l’ovaire, que l’on remarque au centre de la fleur du pommier, se développe et forme le péricarpe charnu et sphéroïde auquel on a donné le nom de pomme.

Ce fruit est glabre, doublement ombiliqué à la base du calice et à l’endroit où s’implante le pédoncule ou queue. Il est divisé intérieurement et au centre en cinq loges ou carpelles parcheminées, contenant chacune deux graines. Les semences ou pepins sont revêtus d’une enveloppe cartilagineuse ; leur forme est ovale ; le plus souvent convexes d’un côté, planes de l’autre, arrondis par un bout,

  1. À l’époque de la fécondation, des circonstances extérieures viennent trop souvent exercer une fâcheuse perturbation et troubler cet acte important. C’est ainsi que la pluie entraîne ou diminue le pouvoir fécondant du pollen ; un froid trop vif en resserrant les vaisseaux empêche la séve d’affluer vers l’ovaire et le fait avorter.
  2. Les étamines sont les organes mâles des fleurs. On y distingue ordinairement trois parties, savoir le filet ou filament, l’anthère et le pollen.

    Le filet est un petit support destiné à porter l’anthère ; il n’est pas absolument nécessaire pour la fécondation, il manque même souvent, l’anthère est alors sessile.

    L’anthère est une petite capsule dont la forme varie, et qui s’ouvre avec élasticité au moment de la fécondation, pour laisser échapper la poussière fécondante qu’elle renferme ou qui la couvre.

    Le pollen est cette poussière fécondante ; il est ordinairement jaune, résineux, inflammable, non miscible à l’eau : vu à la loupe, il semble composé de petits globules détachés, qui, lors de la fécondation, laissent échapper un gaz invisible qu’on nomme aura seminalis, et qui répand, chez certaines plantes, une odeur très-forte ; tels sont le châtaignier et le vernis du Japon.

  3. Le pistil est l’organe femelle de la fleur ; il est également composé de trois parties, l’ovaire, le style et le stigmate.

    L’ovaire est la partie du pistil destinée à devenir le fruit ; il renferme les ovules ou graines non fécondées ; il prend de l’accroissement lorsqu’il a reçu le pollen.

    Le style est un petit support canaliculé, qui n’est pas indispensable à la fécondité ; s’il manque, le stigmate est sessile.

    Le stigmate est un organe très-essentiel ; il varie quelquefois de forme, mais il est toujours muni de petits corps glanduleux propres à absorber l’aura seminalis, et à le transmettre à l’ovaire. À cette époque, les étamines et les pistils jouissent d’un mouvement d’irritabilité qui tend à les rapprocher, afin de remplir plus efficacement les fonctions dont ils sont chargés par la nature, fonctions qui ont pour but la fructification.