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cision annulaire, nous ne doutons pas qu’on n’en obtînt des résultats très-satisfaisants sous le rapport du volume et du développement du principe sucré. On a remarqué que cette opération réussissait mieux sur le groseillier épineux ou à maquereau que sur celui à grappe.

GROSEILLE NOIRE ou CASSIS, fruit du ribes nigrum, L.

Ce fruit se distingue des précédents par son volume généralement plus considérable que celui de la groseille rouge ou à grappes, et moindre que celui de la groseille à maquereau ; sa couleur noire, l’odeur particulière qu’il exhale sont aussi très-remarquables et ne permettent de le confondre, ni avec l’un, ni avec l’autre ; sa pellicule est résistante, et sa pulpe est fade et douceâtre.

Le cassis est peu agréable à manger seul, il s’associe même assez mal avec les autres fruits à cause de l’odeur qui le distingue et qui réside principalement dans la pellicule qui enveloppe la pulpe ; quoi qu’il en soit, le principe aromatique étant soluble dans l’eau-de-vie, on a mis à profit cette propriété pour préparer, par la macération du fruit dans ce véhicule, une liqueur ou sorte de ratafia stomachique, cordial et diurétique très-estimé des gens du peuple.

Ratafia de cassis.

Pour le préparer ou prend de cassis bien mûr trois livres, on le monde de ses rafles, on l’écrase dans une terrine de grès, on introduit ensuite le produit succulent dans un bocal de capacité suffisante, on ajoute un gros de girofle, deux gros de cannelle, cinq litres d’eau-de-vie, et deux livres et demie de sucre ; on laisse macérer pendant quinze jours environ au soleil, puis on passe avec expression et on filtre.

Cette liqueur est d’une belle couleur rubis foncée elle acquiert, en vieillissant, la saveur du vin de Rota ; pour la rendre plus chaude et plus tonique, on y ajoute du vin de Roussillon, ou, mieux encore, de vin d’Alicante ; on fait, dans ce cas, dissoudre le sucre dans le vin, et on l’ajoute à l’infusion. On s’abstient quelquefois d’écraser le cassis, et çette pratique s’effectue en grand chez les distillateurs ou liquoristes ; la macération est alors prolongée presque indéfiniment, car ils versent de l’eau-de-vie à mesure qu’ils soutirent du macératum. Cette méthode a l’avantage de rendre la conservation de cette liqueur plus facile.

Les variétés de cassis sont peu nombreuses ; les principales sont le cassis à feuilles panachées, ribes nigrum variegatum, et le cassis à feuilles réniformes ; leurs fruits ont beaucoup d’analogie, et ils ne diffèrent guère que par leurs feuilles.

Le cassis est, aux environs des grandes villes, et de Paris principalement, l’objet d’un commerce assez considérable ; les vignerons l’emploient pour colorer les vins produits par les raisins qui n’ont pas atteint leur complète maturité et que la mauvaise saison oblige à récolter hâtivement.

NERPRUN, ou noirprun cathartique, fruit du rhamnus catharticus, L. ; famille des Rhamnées, J.

C’est une petite baie pisiforme, lisse, d’abord verte, puis noire, contenant quatre semences ou nucules ovales ; la pulpe, verdâtre et très-succulente, qui les entoure a une saveur amère, assez désagréable, et une odeur nauséeuse ; elle passe au rouge par suite de la maturation, mais elle présente très-peu de fixité, car la plus légère trace d’alcali lui rend sa couleur primitive. On doit à M. Pelletier d’avoir le premier mis à profit cette propriété en proposant le suc de nerprun comme réactif chimique. Mais l’application la plus heureuse qu’on en ait faite consiste à obtenir, au moyen de la chaux, une couleur verte, connue dans le commerce sous le nom de vert de vessie ; elle doit cette dénomination à l’usage où l’on est de l’en-