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core parvenu à l’extraire pour les besoins du commerce et des arts, lorsque M. Tilloy, pharmacien de Dijon, imagina le procédé suivant :

On écrase les groseilles et on place le produit dans des circonstances favorables à la fermentation, on distille la masse à feu nu pour en extraire l’alcool qui s’est formé, on sépare le liquide du marc, et on soumet celui-ci à la presse. Pendant que le liquide est encore chaud, on opère la saturation avec la craie ; on lave ensuite à plusieurs reprises le citrate de chaux, puis on le soumet à la presse. Le citrate de chaux ainsi obtenu, étant encore très-coloré et mêle de malate de chaux, on le délaye dans l’eau pour le convertir en une bouillie claire, et on le décompose, à l’aide de la chaleur, par l’acide sulfurique étendu du double de son poids d’eau. Le liquide acide qui résulte de ce traitement, et qui est un mélange d’acide citrique et d’acide sulfurique, est de nouveau saturé par le carbonate de chaux. Le précipité recueilli sur un filtre, lavé à grande eau, puis soumis à la presse, est traité par l’acide sulfurique, et la liqueur claire contenant l’acide citrique est décolorée par le charbon animal et enfin évaporée. Lorsque l’évaporation est poussée à un terme convenable, on laisse déposer, on tire à clair et on l’achève dans des étuves chauffées de 25 à 30 degrés. Les cristaux qu’on obtient sont colorés, malgré toutes ces précautions ; mais on les purifie en les faisant redissoudre et cristalliser.

De deux mille huit cents k. de groseilles, M. Tilloy a obtenu les résultats suivants :

Dépense. 2, 800 k. de groseilles à 5fr. lesIOO kil.prix moyen. i4of. Carbon. dechaux. 8 Acidesulfurique.. 15 Combustible. 24 Main-d’œuvre. 4o Total.227 f. Produit. 182 lit. alcool à 50 centimes le litre, ci.91 f. 21 kil. d’acide citriqueà6fr. 48 centimes le kilog. i36fr. 227 fr.

Il résulte, comme on voit, de ce compte, que l’acide citrique obtenu de la groseille par M. Tilloy ne revient qu’à 6 francs 48 centimes le kil. ; tandis que l’acide citrique du commerce extrait du citron vaut de 24 à 26 francs.

Espèces et variétés de groseilles.

Groseilles blanches. Elles présentent, sauf leur couleur, qui est d’un blanc jaunâtre, lors de la maturité, tous les caractères extérieurs des groseilles rouges ; leur saveur est généralement moins douce et plus acide ; mais, comme le font remarquer les auteurs du nouveau Duhamel, la nature du terrain et l’exposition doivent entrer pour beaucoup dans cette différence, car il n’est pas rare de rencontrer des groseilles blanches plus douces que les rouges, surtout sous le climat de Paris.

Si le groseillier blanc est moins cultivé que le rouge, c’est vraisemblablement parce que ses grappes sont, en général, plus lâches et qu’il est moins productif.

Groseille perlée. On désigne ainsi une sous-variété de groseille blanche qui n’offre de différence avec la première que quelques nuances qui sont dues aux soins donnés à la culture.

Groseille couleur de chair. Cette variété, inférieure en qualité aux précédentes, est peu fertile et partant peu commune ; elle ne se rencontre guère que dans les collections.

Groseille Gondouin. On nomme groseille Gondouin une variété de groseille rouge, que l’on doit à un jardinier de ce nom. Elle se distingue par la grosseur de ses baies et par leur réunion au sommet de la grappe ; du reste, sa saveur et son arôme diffèrent peu de ceux de la variété ordinaire, elle est néanmoins très-recherchée.

L’influence de la culture, du sol et du climat modifie ces caractères, et produit des sous-variétés ; mais les différences qu’elles offrent sont trop peu importantes pour mériter d’être signalées.