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l’automne et donne de nouveaux fruits ; il faut néanmoins que l’arrière-saison ait été bien favorable pour que les derniers produits égalent en suavité les premiers ; quoi qu’il en soit, cette variété doit fixer l’attention des amateurs et engagera propager sa culture.

RONCE DES HAIES, ou frutescente, fruit du rubus fruticosus, L. ; famille des Rosacées, J.

Ce fruit, comme le précédent, avec lequel il offre beaucoup d’analogie, se compose d’un grand nombre de petites baies ovales, monospermes, soudées ensemble et renfermant chacune une graine réniforme. Bien que la ronce ait une saveur assez fade, elle n’en est pas moins très-recherchée par les enfants ; son usage abusif détermine même souvent chez eux des accidents et notamment la constipation ; elle jouit, comme toutes les autres parties de la plante, d’une propriété détersive assez puissante pour qu’on ait cru devoir la faire entrer dans la composition de gargarismes détersifs et astringents, que l’on administre avec succès contre les angines ou inflammations de gorge.

Examen chimique. La ronce des haies est, attendu sa couleur rouge foncé, employée en Provence pour colorer les vins trop pâles : sa composition, moins simple que celle de la framboise, a été trouvée, suivant John, être : résine des traces, — matière colorante rouge, — sucre incristallisable, — gomme, — parties muqueuses, — acide malique, — malate et peut-être aussi citrate de chaux et de potasse, — phosphate de potasse et phosphate de chaux.

Ronce fruit bleu (rubus cæsius). Cette espèce est surtout remarquable par sa belle couleur bleu d’azur clair ; elle doit cette dernière nuance à une sorte de poussière glauque qui la recouvre, car sa pellicule est bleu foncé ; son suc est agréablement acidulé, et pourrait, dans l’usage médical, remplacer avec avantage celui de la ronce des baies, ce fruit atteint un assez beau volume et mûrit en septembre.

Ronce de Pensylvanie ({lang|la|rubus trivialis}}). Elle est de couleur noire, luisante ; sa forme est ovale-allongée ; son diamètre atteint généralement neuf à dix lignes et sa hauteur dix à douze ; chacune des petites baies qui la composent est divisée longitudinalement par un sillon ; sa chair est violette et son suc rouge ; ses graines sont assez grosses et résistent sous la dent ; sans cet inconvénient, elle l’emporterait de beaucoup sur les autres espèces, car son suc est moins fade et son arôme plus suave. Cette ronce mûrit en août et septembre ; elle pourrait, avec avantage, entrer pour moitié dans la composition du sirop de mûres ; elle ajouterait bien certainement à ses propriétés.

On cultive encore les ronces grimpantes, rubus scandens ; ronce des Alpes, rubus saxatilis ; ronce velue, rubus hispidus ; celles à cinq feuilles, du Canada, de Virginie, odorante, dont les fruits sont sucrés et assez gros.

MÛRE, fruit du mûrier, morus nigra, L. ; famille des Urticées, J.

Ce fruit est formé d’une sorte de baie composée des écailles du calice, persistantes et charnues, recouvrant le fruit lui-même, qui est un akène un peu comprimé ; lorsqu’il a atteint son maximum de maturité, il est ovoïde, allongé, de couleur rouge pourpre presque noir, mamelonné comme les framboises, mais avec cette différence que la partie charnue est formée par le calice, tandis que, dans le fruit du framboisier, c’est le péricarpe lui-même qui est succulent et charnu ; les semences que renferment les baies sont de forme triangulaire-ovale et glabres.

On n’est pas d’accord sur la patrie originaire du mûrier ; quelques auteurs le font venir de la Chine, et d’autres de l’Asie-Mineure ; toujours est-il qu’il fut importé de l’un de ces pays à Constantinople, puis en Grèce, ou sa propagation fut telle,