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FRUITS ACIDES-SUCRÉS, GOYAVE, MANGOUSTAN.

visée, comme dans le fruit précédent, par des membranes qui foment cloison, et dans chacune desquelles se trouve une semence brune, ridée et aplatie ; le tout est recouvert d’une écorce qui, verdâtre à l’état frais, devient pourpre foncé lorsqu’elle est sèche ; elle est dure et coriace comme celle de la grenade, avec laquelle elle a, en outre, des analogies de propriétés, car elle est astringente et précipite en noir le sulfate de fer. Les Chinois mettent cette propriété à profit pour augmenter l’intensité de leurs teintures noires.

Ce beau fruit, originaire de l’Archipel indien, est, avant sa maturité, d’un goût trés-acidulé ; mais cette saveur est bientôt masquée, en partie du moins, par la formation du principe sucré, qui y est très-abondant et qui lui fait acquérir ainsi la propriété laxative, ce qui le rend très-précieux dans certains cas de constipation. Son écorce est employée en décoction pour faire des gargarismes ou des tisanes astringentes, que l’on adininistre avec succès, soit dans les angines, soit dans les hémorragies intestinales ou flux sanguin.

La mangoutan des Célèbes, garcinia celebica, vulgairement oxicarpe des Indes ’, brindonnier, s’offre sous la forme d’une baie globuleuse, de couleur rouge jaunâtre ou safranëe, et quelquefois violette ; son volume est égal à celui d’une pomme d’api. Ce fruit reste toujours couronné par le stigmate.

Cette variété reste longtemps acide, surtout lorsque son exposition n’a pas été favorable, ou que la température n’a pas été assez élevée pour favoriser les réactions ; cependant, lorsque sa maturation est complète, elle se rapproche du mangoustan cultivé, mais n’atteint jamais la saveur douce, sucrée, et l’arome si suave qui a fait ranger ce dernier parmi les meilleurs fruits.

Son suc exprime, uni au sucre dans des proportions convenables, forme un sirop acide très-rafraîchissant, que l’on prescrit avec avantage contre les fièvres aiguës ou inflammatoires.

MANGUE, fruit du manguier, mangifera indica, L. ; famille des Térébinthacées, J.

Il s’offre sous la forme d’une baie dont le volume égale celui d’une petite pêche ; un léger sillon divise sa surface ; l’écorce pelliculaire est glabre, luisante, constamment verte dans toutes ses parties, à l’exception de celle qui reçoit plus directement l’influence solaire, qui prend en effet, à l’époque de la maturité, une teinte rouge de brique. Cette pellicule se sépare facilement de la pulpe, ses caractères les plus saillants sont : une couleur jaune orangé, qui rappelle celle de la carotte, une tendance à laisser exsuder, aussitôt que le fruit est pelé, le suc résineux qui le gorge, et qui, au lieu d’être renfermé dans des alvéoles cellulaires, semble occuper simplement les espaces libres que laissent entre elles les fibres nombreuses qui constituent en grande partie la chair. Le noyau est assez grand, aplati, environné d’une sorte de feutrage fibreux.

La mangue, trés-commune à la Guadeloupe, y est fort estimée des indigènes ; mais son goût résineux, qui rappelle celui de la térébenthine, répugne assez généralement aux Européens ; son usage alimentaire nécessite une sorte de circonspection qui a, pour effet d’éviter que le tissu fibreux qui enveloppe le noyau et qui s’anastomose à la chair ne s’engage entre les dents et n’en rende la mastication difficile et désagréable.

Le suc résineux que ce fruit laisse exsuder, lorsqu’on le pique ou qu’on l’incise, entre dans la matière médicale des Indiens ; on l’administre avec succès contre les affections syphilitiques ; la pellicule ou peau a une odeur assez suave : macérée dans l’eau-de-vie et sucrée convenablement, elle constitue une liqueur de table qui n’est pas sans agrément.

Le manguier est originaire de l’Inde ; il est cultivé depuis longtemps avec succès aux Antilles ; on en distingue plusieurs espèces qui diffèrent assez essenliellement-