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FRUITS ACIDES-SUCRÉS, GOYAVE, MANGOUSTAN.

Le fruit du baobab est, attendu son astringence, employé avec succès pour combattre les hémoptysies et les dyssenteries, maladies si fréquentes sur les plages brûlantes du Sénégal et des Antilles. L’abre qui le fournit est aussi extraordinaire par son volume que par sa longévité ; Adanson donne, en effet plus de six mille ans à ceux qu’il a observés en Afrique. Delille, dans son poème des Trois règnes, fait allusion à ce végétal prodigieux dans les vers suivants :

 
Compares cette mousse et cet arbuste nain
A cet énorme enfant du rivage africain.

Le baobabier est sans contredit l’arbre le plus colossal que l’on connaisse à la surface du globe ; si l’on en croit les voyageurs, sa tige servirait à faire des pirogues d’une seule pièce. Enfin les nègres seraient dans l’usage de pratiquer dans l’paisseur de son tronc des cavités, où ils ensevelissent ceux que la superstition croit indignes d’une autre seépulture. Grâce aux soins éclairés du jeune prince de JoinvilIe, nous pourrons bientôt voir l’un de ces gigantesques troncs, S. A. R. en ayant fait apporter un du Sénégal en France.

GOYAVE ou, gouyave poire, fruit du psidium piriferum, L. ; famille des Myrtacées, J.

Ce fruit, comme sa dénomination caractéristique l’indique, à la forme d’une poire ; son volume dépasse rarement deux pouces et demi de hauteur sur un peu moins de diamètre ; sa couleur est jaune, parsemée de points noirs ; sa pulpe est, suivant les variétés et le degré de maturation, blanc verdâtre ou rouge pâle ; elle est succulente, d’une saveur douce, légèrement aromatique.

Le goyave est très commun aux Anlilles ; on en fait beaucoup de cas, surtout lorsqu’il a atteint son maximum de maturité ; il est alors rafraîchissant et laxatif ; mais, s’il est cueilli avant cette époque, ses propriétés sont bien différentes car il est alors fort astringent ; il doit cette propriété à la présence du tannin qui n’a pu être modifié pendant la maturation ; pour rendre son usage plus certain et plus approprié dans le régime diététique, on en prépare des compotes.

Le suc exprimé de goyave, uni à l’eau et au sucre, dans des proportions convenables, forme une boisson tempérante, analogue à la limonade, et qu’on emploie avec beaucoup de succès dans les maladies inflammatoires.

"Le fruit du goyavier," dit M. Descourtils dans sa Flore des Antilles, donne à l’analyse de l’acide malique et du mucoso-sucré ; la coction de sa pulpe, diminuant sa saveur austère, fait prédominer le principe sucré."

Nous renvoyons, pour l’explication de ce phénoméne, au chapitre Maturation ; quant à l’analyse donné par cet observateur, nous la croyons très-imcomplète> car jamais l’acide malique ne se rencontre seul, et rarement lorsqu’un fruit a atteint sa complète maturité.

Il existe, comme nous l’avons dit, plusieurs, variétés de goyave ; la principale est le goyavier à fruit en pomme, psidium malforme. Son volume et sa forme rappellent ce fruit, son arôme est analogue à celui de la framboise ; il est également alimentaire, on le désigne vulgairement sous les nom de goyave rouge ou des savanes. Le guyavo, psidium dubium, est beaucoup moins connu, et ne croit guère que sur les bords de l’Orénoque.

MANGOUSTAN, fruit du garcinia mangostana, L. ; famille des Gurtifères, J.

C’est une baie de la forme et du volume d’une orange ; elle renferme une pulpe blanche, succulente, d’une odeur et d’une saveur très-agréables, rappelant celles de la fraise, de la cerise, du raisin et de l’orange tout à la fois. Cette baie est di-